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150e anniversaire d'Arcachon
Chronique n° 002
Les atouts du désert
* * *
Arcachon a jailli du sable. Dès que l’on creuse dans le sous-sol
de la ville, on tombe sur cette masse dorée que l’on dirait inerte si
les hommes ne l’ avaient pas réveillée. Paradoxe : son apparente
stérilité, a donné vie à une ville qui en paraît des plus étonnantes.
D’autant plus que ce sable prend des allures de Sahara car il
s’accumule en hautes dunes qui laissent des traces profondes. Tenez :
un plan d’Arcachon des années 60 porte encore des mentions précises
du nom des dunes sur lesquelles s’ est hissé Arcachon. On y trouve
indiquée, la dune Pontac, dominant le boulevard de la Plage.
S’ouvrant sur ce même boulevard, la rue Mauvezin s’ est longtemps
appelée impasse de la dune Richon et culmine à dix-huit mètres. Plus
à l’ouest, dégringole la Grande dune dont la pente aiguë atteignant
les trente-huit mètres, accueillit longtemps une piste de ski sur
grépin, que l’on veut remettre à l’honneur.
Autre présence de ces dunes : elles enserrent littéralement la
zone des lycées s’appelant dune de Peymaou, dune de Camicas, ou dune
de Lagrua, ou encore Régue blanche , de jolis noms d’ici. On eut même
la dune des Musiciens, près du parc mauresque et qui a comblé un
vallon de la ville d’hiver. Et voilà que ces dunes, que l’on croirait
d’inutiles tas de sable, font l’originalité d’Arcachon. Grâce à
elles, la ville se différencie de ses voisines du Bassin qui ont
choisi des endroits tout plats pour s’installer. Au contraire,
Arcachon, monte, descend, tourne, virevolte, grimpe vers le ciel,
c’est à dire vers la célébrité. Elle a donc tout le charme d’une
ville de montagne ; elle tient alors de Menton ou de Capri et domine
le Bassin. Étonnez-vous après cela qu’on n’ait pas trop hésité à y
installer la sous-préfecture...
Il y a même des endroits où l’on trouve encore les versants de
dune à l’état pur. Jetez donc un coup d’oeil au-dessus d’une des
clôtures de la rue Mauvezin ou de la rue Cigarroa et vous verrez
qu’il y a encore là des pentes bien marqués que l’urbanisation n’a
pas encore estompées. Quand on grimpe vers le parvis de la basilique
ND, on monte aussi une dune très historique. Quand on se hisse dans
les nombreux escaliers qui gagnent la ville d’hiver, on escalade des
dunes. Et quand, l’été, les touristes suffoquent dans l’avenue
Gambetta, ils affrontent un raidillon qui vaut celui de la dune du
Pilat. Oui, vraiment, les dunes font beaucoup pour le charme d’Arcachon.
Et il ya longtemps que cela dure puisqu’elles s’entassent là,
nos dunes, depuis 5000 ans, à cause d’un caprice de l’ océan qui a
alors reculé, dégageant une très large plage où les vents d’ ouest
patinaient gaillardement, poussant devant eux des nuées de grains de
3/10è de millimètre. Et comme en même temps il se mit à beaucoup
pleuvoir, la végétation
put se fixer sur ces sables. Alors, une forêt naturelle, autre
richesse arcachonnaise, allait naître. C’est une autre histoire.
A suivre...
Jean Dubroca
Chronique sur Radio Côte d'Argent - 90,4 Mhz