Histoire en Buch

http://shaapb.free.fr/

001 - Préambule (150e anniversaire d'Arcachon)

Draparc.jpg

150e anniversaire d'Arcachon

Chronique n° 001


Donc, la commune d’Arcachon entrera le 2 mai prochain dans sa 
150è année d’existence officielle. Cent cinquante ans, pour une 
ville, c’est l’ enfance babillarde. Mais c’est aussi un événement 
extraordinaire, face au chemin étonnant parcouru en si peu de temps. 
Car voici une belle ville complètement sortie du sable, une espèce de 
Las Vegas aquitain. Fort heureusement, la référence s’arrête là  car 
les fondations du passé étaient déjà profondes. Sauf, si l’on en 
retient l’esprit pionnier, le côté far-west, la pousse de champignon 
et même le goût de l’aventure. Car il en a fallu une belle dose 
d’audace à tous ceux qui ont créé Arcachon. Il fallait oser y 
installer des établissements de bains sur des rivages perdus, à une 
époque où l’on considérait que se tremper dans l’eau de mer relevait 
encore de la folie furieuse, de la dépravation totale ou de la 
nécessité de soigner des enragés par des bains maritimes forcés.

   Après, arrivent des visionnaires assez hardis pour poser une voie 
ferrée, pour bâtir des bâtiments loufoques, comme ce casino mauresque 
emberlifocoté d’arabesques dorées et posé au milieu d’un parc 
entièrement artificiel, planté sur une dune remodelée. Ces mêmes, 
d’ailleurs qui furent  assez fous pour transformer en  pagode 
chinoise le buffet près d’ une gare, si banale qu’elle venait d’Agen. 
Car il fallait l’être, aventureux, pour ne vendre que du rêve et que 
du dépaysement, face à un  horizon bleuté dans un univers peint comme 
un décor d’opérette, dressé face à une petite mer, romantique comme 
un lac italien et colorée comme un lagon tropical. "toujours de l’audace",  prônaient  les architectes et  les 
financiers  qui ont alors importé une station  suisse dans nos dunes 
couvertes de pins, qui ont construit des palaces où vint le monde 
entier, qui ont creusé des avenues selon un plan parfait et, 
finalement, à travers des coups de pioches et de légers coups de 
pinceau sur des boiseries de dentelles, ils ont, tous, risqué leur 
argent contre cette  monnaie de singe qu’est la mode. Elle inventera 
d’ailleurs bientôt le plus futile de la vie : le tourisme.

Et, malgré les caprices de cette mode, en les domptant, en les 
devinant, en les fabriquant aussi et en les flattant, tous ceux qui, 
au fil des ces 150 années, ont su durer, durer, durer, allonger des 
plages, les border de promenades, s’attaquer à la tuberculose,  
envoyer des bateaux pêcher au bout du monde, franchir les passes, 
ouvrir des usines, lancer  des voiliers légers comme des mouettes et 
même inventer une société scientifique dans ce qui n’était qu’un 
village. Arcachon, c’est vraiment 150 ans d’ aventure, de joies, 
d’étonnement, de rivalités,  de disputes, de douleurs et d’espérance. 
Plein d’histoires qui, depuis des millénaires, ont fait l’Histoire. 
On vous les racontera toutes, ou presque, au fil du temps, au fil des 
hommes, au fil de la fantaisie.

Jean Dubroca

Chronique sur Radio Côte d'Argent - 90,4 Mhz

Blasonarc.jpg