Histoire en Buch

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Documents (Pays de Buch)

Documents d’archives publiés dans le Bulletin

de la Société Historique et Archéologique concernant

 

le PAYS de BUCH

 

Abréviations utilisées :

A.D.G. : Archives Départementales de la Gironde

A.H.G. : Archives Historiques de la Gironde

A.M.B. : Archives Municipales de Bordeaux

B.M.B. : Bibliothèque Municipale de Bordeaux

B.M.A. : Bibliothèque Municipale d'Arcachon

Dans les documents reproduits, le style et l'orthographe d'origine ont été respectés; seule une ponctuation nouvelle a été apportée pour rendre le texte plus lisible.

 

Bulletin n° 181751

 

ASSASSINAT DU COMTE DE MONTFERRAND

 

Mémoire présenté par Maître Moussu, avocat, au nom de François, Ar­mand de Montferrand, chevalier, seigneur marquis de Montferrand, marquis de Landiras, vicomte d'Escouasse et Castets en Dorthe, baron de Montferrand, Bares, Lados et autres lieux, Soudan de Latrau, premier baron et grand Sénéchal de Guienne et Libourne, père du comte assassiné, son seul fils, et dernier héritier du nom.

Les Montferrand était également seigneurs de Sanguinet. (A. H. G. To­me 26)

Le comte Charles Hyacinthe, accompagné d'un valet de chambre part en poste de Bordeaux pour rejoindre son régiment à Nancy, le 30 septembre 1751. Arrivé à Amboise, le 2 octobre, à 7 heures du soir, il traversait la rue Saint-Roc, quand un chien vint se jeter dans les jambes de son cheval. Il lui donne un coup de fouet et aperçoit quelqu'un armé d'un fusil qui lui crie : « Gueux, pourquoi, frappes-tu mon chien ? » Il répond : « Tu ne sais pas à qui tu parles » et poursuit son chemin au pas pour donner à son valet, qui était en arrière, le temps de le rejoindre.

Le propriétaire du chien, Ouvrard le jeune, dit de Martigny, reparaît plus furieux et malgré sa mère qui lui crie : « N'y va pas, mon fils, laisse cela », il se précipite à la tête du cheval au moment où Charles Hyacinthe se penche en avant et enlève son pied droit de l'étrier pour mettre pied à terre. Ouvrard tire alors, le comte de Montferrand tombe en répétant plusieurs fois jusqu'à ce qu'il perde connaissance : « Ah, quel vilain coup de traître ». On le transporte au cabaret de la veuve Dupuis. On appelle médecins et chirurgiens, la foule accourt nommant et maudissant l'assassin. Le procureur du roi arrive, on lui fait le récit de ce qui est arrivé. Il ne donne aucun ordre, aucun mandat d'arrêt, aucune réquisition. Il demande simplement qu'on l'avertisse quand le comte sera mort. (La famille de ce procureur du roi et celle des Ouvrard étaient liées d'amitié et sa nièce avait épousé le frère de l'assassin).

Quatre heures après le coup de feu le comte de Montferrand meurt. Trois chirurgiens, le lendemain, examinent le cadavre et concluent que le coup a été por­té lorsque le comte était penché sur le devant.

Plainte est alors portée et témoins entendus. Les Ouvrard se donnent pei­nes et mouvements pour écarter les témoins dont les dépositions pouvaient être les plus claires et les plus précises. Le procureur du roi fait tout pour déconcerter et intimider les témoins, malgré tout il ne peut empêcher l'instruction de se faire, sans se démettre de sa charge.

L'assassin est déclaré de prise de corps, ses biens saisis et annotés. Le marquis de Montferrand s'est porté partie civile.

Le 27 novembre 1751, le Baillage criminel d'Amboise déclare Ouvrard de Martigny le jeune, convaincu de meurtre et assassinat, et le condamne à être pendu et étranglé jusqu'à ce que mort s'en suive à une potence qui sera plantée en la place, vulgairement appelée « Le Canois », où se tient le marché au bled de la Ville d'Amboise. Le condamne en outre à 20.000 livres de réparations et aux dépens.

La sentence est exécutée par effigie, car Ouvrard est en fuite.

De ce jugement le marquis de Montferrand interjeta appel de la peine pro­noncée. Les juges ont modéré leur sentence comme si l'assassinat du comte n'é­tait pas un assassinat caractérisé, comme si le meurtre avait été commis à la suite d'une insulte brusque et inopinée, alors qu'en fait le comte de Montferrand n'é­tait nullement sur ses gardes et se trouvait dans une attitude ne lui permettant pas de se défendre. Le marquis de Montferrand exige que la peine de l'assassinat, écrite dans les Ordonnances, soit exécutée. Lui refusera-t-on dans son malheur l'application de la loi dans toute sa rigueur ?

La famille d'Ouvrard déclare que celui-ci est sur le point d'avoir des lettres de grâce. On prétexte la noblesse de la famille. Or Martigny est un nom emprunté. Le bisaïeul d'Ouvrard était sergent d'une terre près de Thouars. L'aïeul, laquais puis valet de chambre de M. le Garde des Sceaux d'Armenonville, avait épousé en premières noces la fille d'un hoqueton (1) de ce ministre. De ce mariage est issu le père de l'assassin. Cet aïeul hérita d'environ 3000 livres d'un frère de sa femme, avec lesquelles il acheta une charge de secrétaire du roy près la cour des Aydes de Montauban. Serait-ce là source de la noblesse des Ouvrard ?

Mais qu'importe la prétendue noblesse des Ouvrard ? Qu'a à faire le mar­quis de Montferrand du dédommagement de 20.000 livres ? Il demande l'érection d'une chapelle près du lieu du crime ou une fondation perpétuelle dans l'église où son fils a été inhumé ; qu'une pierre noire, ou épitaphe en cuivre, placée en un lieu éminent, indique la nature du crime, le jour où il a été commis, le nom de l'as­sassin et sa condamnation. Le surplus sera délivré aux pauvres de ses terres. Dans des occasions semblables il en a été ordonné ainsi par la cour.

Le marquis veut ce monument pour qu'il montre sans cesse comment on punit les lâches et les traîtres et contienne ceux qui seraient tentés d'imiter Ouvrard.

 

Bulletin n° 29 – vers 1800

 

Marguerite-Julie Dubreuilh de Fonréaux naquit à St Domingue, fille aînée de François-Amable Dubreuilh de Fonréaux (de Saintonge) et de Marie-Anne Moisson, elle fut envoyée toute jeune en France où son oncle Lamarthonie fut chargé de son éducation.

La fortune des Dubreuilh ayant sombré avec la révolution, son oncle la maria au riche M. de Navarre, son aîné de 45 ans.

Aux Archives Municipales de Bordeaux sous la cote «Fonds Beaumartin XX» se trouve le manuscrit suivant sans indication du nom de l'auteur.

 

Poésie pour le mariage de Julie Dubreuilh de Fonréaux (20 ans) avec J.B. Ray­mond Navarre (65 ans) :

 

Il faut des époux assortis

Dans les liens du mariage,

Vieilles femmes, jeunes maris

Feront toujours mauvais ménage.

On ne voit point le papillon

Sur la fleur qui se décolore ;

Rose qui meurt cède au bouton

Les baisers de l'amant de Flore

 

Ce lien peut être plus doux

Pour un vieillard qu'amour enflamme.

On voit souvent un vieil époux

Etre aimé d'une jeune femme.

L'homme à sa dernière saison

Par mille dons peut plaire encore

Ne voyons nous pas que Tithon

Rajeunit auprès d'Aurore.

 

Aux époux unis par le cœur

Le temps fait blessure légère

On a toujours de la fraîcheur

Quand on a le secret de plaire.

Rose, qui séduit le matin,

Le soir peut être belle encore ;

L'astre du jour à son déclin

A souvent l'éclat de l'aurore.

 

N.D.L.R : Les Ruat étaient alliés aux Fonréaux, Jean-Baptiste de Ruat, premier captal de Buch de la famille de Ruat, ayant épousé en secondes noces une Du­breuilh de Fonréaux