Histoire en Buch

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18 - La renaissance du bac à voiles (Croquis du Bassin)

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La renaissance du bac à voiles.

 

Par un frais matin de janvier 1991, le bac à voile du Bassin, “Président-Pierre-Mallet ”, prend forme. Dans une espèce de grosse chaudière cabossée, qui en vu cuire d’autres, Christian Raba, le charpentier de marine testerin et sa vingtaine d’aides bénévoles, chauffent dans l’eau bouillante une longue planche. Une technique ancestrale pour cintrer parfaitement les bordages du bac que l’association testerine AUPORT et la Fédération pour le patrimoine maritime ont entrepris de faire renaître depuis le 7 octobre 1990. Déjà, la charpente du Pierre-Mallet se dessine, étrave en l’air. Les bordages, taillés dans un pin de dix mètres sans nœuds, venu de Gujan, se plaquent contre la carcasse du bateau. Le bois a été offert par la commune de Gujan-Mestras. C’est la seule du Bassin, avec Andernos, qui, à cette date aient aidé à la construction du bac. Fort heureusement, quatre cent trente donateurs ont déjà mis la main au portefeuille. Cette fraternité donne de l’enthousiasme aux constructeurs qui, s’accrochant aux gestes du passé, montrent eux aussi le volonté de mieux vivre le présent.

 

Cinq mois plus tard, on retrouve le Pierre-Mallet retourné, reposant sur sa quille. L’importance du puits de dérive et le beau travail de charpente de la poupe à l’élégante finesse se remarquent déjà. Bientôt vont être posés le pontage et le bastingage du bateau. Noël Gruet et Jean-Philippe Labourg, responsables de l’association pour le bac à voiles, enregistrent maintenant de nombreux dons : les communes d’Arcachon, d’Andernos, d’Audenge et la société Esso ont montré leur appui en espèces sonnantes et trébuchantes ...

 

Et le 21 juillet 1991, au jour dit, à la marée haute, sur le coup de 19 heures, c’est la fête sur tout le port de La Teste. Près de cinq cents personnes entourent le “Pierre-Mallet”, jonché d’enfants, fleuri et enrubanné dans son grand pavois, trônant au bord de la cale de lancement sur son char de triomphe. C’est qu’il a fallu redoubler d’activité pour clouer le pont, installer le moteur, hisser le mât de quinze mètres de haut grâce à une grue d'EDF, coudre les cent mètres carrés de voilure, calfater et peindre la coque en blanc et bleu pâle, les couleurs des bateaux de Pierre Mallet.

 

Vraiment, on sentait de la fierté sur le port. Fierté d’exister au delà du temps qui passe, de tenir le coup, d’affirmer la richesse d’un patrimoine qui ne doit pas sombrer. Pour cela, il a fallu trouver des sous et mobiliser des pêcheurs, des ostréiculteurs, des charpentiers, des forgerons et des gens qui nouent des épissures les yeux fermés et beaucoup de supporters. Bientôt, sous le regard ému de MM. Rabat, Bossuet et Dubourdieu, Viviane Mallet brise la bouteille de champagne sur l’ancre du bac et, aussitôt, des dizaines de bras, tout le peuple du Bassin, pousse, retient, cale ou fait pivoter le chariot. Au milieu d’applaudissements énergiques, le “Prési-dent-Pierre-Mallet”, fleuri de la proue jusqu’en haut du mât, entouré d’une haie de pinasses, de pinassottes et de monotypes du Bassin, glisse dans l'eau du port. Un port qui retrouve dans le soleil couchant, la silhouette de belle race d’un bateau que l’on croyait définitivement perdue depuis 1920. A demain : nous parlerons d’un gibier surprenant.

 

Jean DUBROCA

"Croquis du Bassin"

Sur Radio Côte d'Argent – 90.4 MHz

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