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La Fête en Aquitaine
Société Historique et Archéologique d'Arcachon et du Pays de Buch
Fédération Historique du Sud-Ouest
Actes du XLIXe Congrès d'études régionales tenu à Arcachon les 12 et 13 mai 2007
Préface - Les fêtes en Aquitaine à l'époque moderne par Jean-Pierre POUSSOU
Fêtes et traditions régionales
CHAUME Alain, Fêtes et traditions populaires en Libournais sous la Monarchie de Juillet
FERNANDEZ Alexandre et Bernard TRAIMOND, Le "modèle" de Pampelune dans les fêtes du Sud-Ouest
PEYRESBLANQUE Jean, La course landaise
PENDANX Marie, Les territoires des bandas landaises. Une approche de géographie sociale et culturelle
CHARBONNIER Marc, Fêtes, jeux et divertissements à Libourne au XVIIIe siècle : les mutations d'un style de vie (1715-1789
BOUTOULLE Frédéric, Note sur des banquets paysans en Entre-deux-Mers bordelais au Moyen Âge
BOYÉ Michel, Quand Arcachon inspirait les compositeurs et attirait les interprêtes de talent (XIXe-XXesiècles)
JOURDAN Jean-Paul, Les fêtes fédérales et présidentielles à Bordeaux en 1905
TALIANO-DES GARETS Françoise, Fête et festivals en Aquitaine depuis les années 1960
SIMON Pierre, Les fêtes de la Rose en Aquitaine
RATHIER Carole, Autour de Mme Duplessy. Mondanités bordelaises à la fin du XVIIIe siècle
Fêtes religieuses
SUIRE Éric, Un autre sens de la fête. La Réforme du sanctoral dans le Nord de l'Aquitaine (XVIe-XIXe siècles)
CHAMP Nicolas, L'invention d'une tradition pèlerine en Aunis et en Saintonge au XIXe siècle
GUILLAUME Pierre, Les processions à Bordeaux sous la IIIe République..
Dussert Delphine, Place et symbolique de la fête dans les rencontres interreligieuses régionales dans la seconde moitié du XXe siècle
MINVIELLE Stéphane, Mariages, baptêmes. Autour des réjouissances familiales dans les élites bordelaises au XVIIIe siècle
TAILLENTOU Jean-Jacques, Les dunes des confins du Born et du Marensin. Espace festif de singuliers "pèlerinages " (XVIIe-XIXe siècles)
COSTE Laurent, Bordeaux en fête. Les noces de Louis XIII et d'Anne d'Autriche
Préface du recteur Jean-Pierre POUSSOU (extrait)
L'intérêt pour les fêtes a été très important pour les historiens depuis une quarantaine d'années, au point que nous avions pu écrire, Paul Butel et moi, voici près de trente ans déjà : "La fête est devenue l'un des thèmes favoris de l'historiographie contemporaine". Elle n'en est pas pour autant facile à interpréter, tant elle est diversité, et parfois ambiguïté. La fête, ou plutôt les fêtes sont en effet à la fois des célébrations et des réjouissances, des occasions de rassemblement mais aussi des sources de rivalités et d'affrontements, des moments de joie mais également de solennité - et dans ce cas il leur faut respecter des protocoles et des hiérarchies que montre bien le Processionnal du diocèse de Bordeaux publié, en 1706, par monseigneur Bazin de Bezons : fort de 270 pages, c'est un rituel qui doit guider le clergé. On comprend le souci de l'archevêque : "Tout événement un tant soit peu important est prétexte à procession".
Il n'y a pas un type de fêtes, mais plusieurs, et leur échelle également peut être fort différente : les unes sont celles de tout le royaume, d'autres se limitent à une ville, d'autres encore ne concernent qu'une paroisse, urbaine ou rurale, ou, même, simplement, un métier, une confrérie. Il faut leur ajouter les fêtes votives et les fêtes familiales, qui ont leurs caractéristiques et leurs dimensions propres. Énormément sont des fêtes religieuses. Moments de joie, parfois intense, mais à coup sûr partagée, la plupart du temps elles se passent bien, mais elles peuvent être aussi l'occasion de conflits - par exemple de préséance -, ou elles peuvent dégénérer et, dans certains cas, mal tourner, comme cela arriva à Paris pour la célébration du mariage de Louis XVI et de Marie-Antoinette, lors de la dernière grande festivité, place Louis XV, le 30 mai 1770, ou encore , à Bordeaux, lors du lancement pour la première fois dans cette ville, le 3 décembre 1783, d'un ballon dirigeable. La fête, enfin, peut aussi être une inversion : tel est le sens du carnaval lequel, à Romans, en 1580, tourna à l'émeute ; elle peut devenir un contre-ordre, comme l'écrit Y. M. Bercé, encore que je préfère dire ordre inversé ou ordre contraire. Elle peut enfin tourner en révolte, ou être un élément fondamental de la révolte, ou encore clore celle-ci.
Le sens des fêtes, leur signification, leur importance, leurs conséquences sont donc aussi diverses que leur nature. Ce qui est sûr, c'est que, dans ce monde d'Ancien Régime où la vie était dure, il y en avait énormément : comme le souligne toujours Y. M. Bercé, "les jours ordinaires se succèdent et les fêtes reviennent. Il y en avait tant qu'on comptait presque un jour férié pour trois jours ouvriers". Encore ne s'agit-il là que des fêtes officielles, dont une partie seulement donne lieu à des réjouissances familiales ou amicales ; c'est celles-ci qui sont légion. Il y a encore des fêtes extraordinaires - par exemple, pour célébrer une victoire des armées royales -, ou celles ne concernant que tel ou tel groupe : ce sont les fêtes d'un saint patron d'une communauté de métier ou, pour rester dans ce domaine, celles nées de la réception d'un maître, sans oublier que les compagnons ont leurs célébrations particulières.
Une conclusion s'impose donc : à l'époque moderne, on fait souvent, et facilement, la fête, et l'Aquitaine ne se distingue en rien à cet égard. Comme dans toute province, nombre d'entre elles y ont une tonalité particulière, par suite de leurs coutumes ou de leurs pratiques alimentaires. Le choix de ce thème était donc particulièrement justifié pour un colloque d'histoire régionale. Il était nécessaire également parce que, dans notre ensemble régional, les travaux sur les fêtes n'abondent pas : au contraire, nous ne disposons que de peu d'études et rares sont celles que l'on peut qualifier d'analyses systématiques et approfondies. Seules les fêtes bordelaises et béarnaises sont assez bien connues. Encore faudrait-il aller plus loin qu'on ne l'a fait jusqu'ici, beaucoup plus loin même... Le présent texte est donc aussi l'appel à dresser des répertoires systématiques, des recueils de documents, à mettre sur pied une typologie et à proposer des évolutions, ce qu'il n'est pas actuellement possible de faire. Je ne peux donc proposer qu'une introduction au sujet, qui sera en même temps - mais de manière imparfaite et incomplète tant une recension détaillée des études reste à faire -, un essai pour faire un état des lieux… Lire la suite dans l'ouvrage
ISBN 978-2-85408-066-7 - 244 pages – Prix : 25 € (20 € pour les membres de la SHAA jusqu'au 31 octobre 2008)